Le Lantus (insuline glargine), prescrit dans le traitement du diabète insulinodépendant, a rapporté à Sanofi plus de 2 milliards d’euros rien qu’en 2009. Et l’histoire a montré que lorsque l’un de ses médicaments est mis en cause, Sanofi peut recourir à divers stratagèmes pour le défendre, faisant appel à des agences de communication, mobilisant les leaders d’opinion qu’il paie, lançant des plans pour désinformer et/ou museler la presse, licenciant tel lanceur d'alerte... Sans parler d’autres méthodes peu catholiques pour augmenter ses profits, dont j’ai donné quelques exemples sur Pharmacritique...
Or le Lantus, soupçonné dès sa mise sur le marché en 2000 de favoriser les cancers, est de plus en plus critiqué depuis 2005. J’ai rendu compte, dans deux articles écrits en 2009 (voir cette page), des études qui renforcent et actualisent le soupçon de cancers sous Lantus, puis évoqué la stratégie de désinformation de Sanofi, pour défendre le Lantus malgré tous les arguments scientifiques ( sur cette page).
Un article de Markus Grill paru le 11 juillet 2011 dans l’hebdomadaire allemand Der Spiegel nous apprend qu’un homme politique de droite, Wolfgang Stock, a fait un lobbying intense pour Sanofi, manipulant Wikipédia à répétition : les articles sur le Lantus et celui sur son principal critique, le Pr Peter Sawicki (photo Die Welt) et l’institut IQWiG, de même que ceux sur Sanofi-Aventis, son PDG, etc.
Le diabétologue et ancien directeur de l’IQWiG, Pr Peter Sawicki, a été évincé sur demande du lobby pharmaceutique, dans le cadre de la politique clientéliste de la droite allemande, et surtout des libéraux de la FDP. Le Lantus fait partie des médicaments mis en cause par l'IQWiG, institut indépendant d’évaluation des médicaments. Dès 2005, il a contesté l’efficacité du Lantus par rapport aux insulines humaines. En 2009, il a été le premier à poser la question du risque accru de cancers sous Lantus.
Or Wolfgang Stock dirige un cabinet de lobbying ayant Sanofi parmi ses clients. Et c’est le même qui a fondé Wiki Watch, destiné à… améliorer la transparence dans l’usage de Wikipédia. Les détails illustrent parfaitement les méthodes auxquelles les lobbyistes et les industriels de la pharmacie sont prêts à recourir pour défendre leurs produits, ainsi que l’ampleur du réseau d’intérêts politico-médiatique et son influence sur la prise de décision.
J’évoque aussi les perquisitions et mises en examen touchant Sanofi-Aventis dans une affaire de corruption présumée en Allemagne.
Je réitère ma méfiance envers le web 2.0 sous toutes ses formes, facile à manipuler et instrumentaliser, pour faire de la publicité, désinformer, inciter à la médicamentation…