Le web 2.0 (Wikipédia et d’autres sites interactifs, contributifs) suscite beaucoup d’engouement et une illusion de démocratisation des contenus, du savoir et du savoir-faire. Cette mise en commun égalitaire, non hiérarchique et désintéressée briserait le modèle pyramidal de transmission du savoir et éliminerait les nombreux intermédiaires dans cette transmission et dans le partage des connaissances (professeurs, journalistes, références qui font « autorité », etc.). Avec les intermédiaires disparaîtraient aussi les conflits d'intérêts.
Des applications sont tentées en médecine aussi (médecine 2.0, Health 2.0), pour contourner la mainmise d’un petit cercle de pontes et autres « autorités » sur l’opinion et sur la formation/ transmission du savoir médical. Ainsi que pour essayer d'assainir le terreau nourricier des conflits d'intérêts et de se débarrasser de certains problèmes que pose la evidence-based medicine (EBM).
Il est certain que la circularité des références, l’argument d’autorité et les autres scories qui résultent de la forte structuration hiérarchique de la médecine finissent par discréditer celle-ci et l’entraîner dans l’irrationalité, comme l’avaient bien vu McCormick et Skrabanek (cf. notre note). Mais la médecine 2.0 est-elle plus démocratique, plus transparente, moins soumise au diktat du profit ?