Nous avons parlé de la préemption en citant un précédent article relativement modéré du New England Journal of Medicine : L'industrie pharmaceutique veut une immunité totale pour les effets indésirables. La préemption ou le déni de responsabilité. Et puis un papier beaucoup plus lucide et plus alarmant du New York Times: La préemption vue de près: un bouclier juridique pour les firmes.
La préemption fédérale est une doctrine juridique qui, appliquée à l'industrie pharmaceutique, voudrait dire que celle-ci n'est plus responsable juridiquement, pénalement pour les problèmes que posent ses médicaments, une fois que l'agence fédérale du médicament (FDA) leur a donné une autorisation de mise sur le marché. La préemption fédérale implique donc que ni des consommateurs ni même des Etats ne pourraient faire des procès en cas de médicaments défecteux, pour lesquels les firmes auraient occulté les effets secondaires, etc. Une décision fédérale - de la FDA - reviendrait à museler tout le droit, toute la législation différente d'un Etat à l'autre, sans parler des recours collectifs en justice. Nous avons détaillé ces aspects dans les deux notes citées ci-dessus.
Le New England Journal of Medicine semble sortir de sa torpeur. Enfin!! Parce que la question - passée inaperçue en France, si ce n'est dans nos pages - est gravissime. Toute la direction de la revue signe un éditorial bien plus critique, cette fois-ci, intitulé Why Doctors Should Worry About Preemption ("Pourquoi la perspective de la préemption devrait inquiéter les médecins").